Affaiblissement général et perte fonctionnelle
Le nouvel affaiblissement peut se présenter dans les muscles précédemment touchés et/ou dans les muscles que l'on a cru épargnés. On note pourtant un affaiblissement plus important dans les muscles les plus sévèrement impliqués dans la maladie initiale.
Une des caractéristiques de beaucoup de polios a été leur aptitude à apparaître "normaux" ou à fonctionner à un niveau de performances exceptionnellement élevé avec relativement peu de bons groupes musculaires. Grâce à la nature aléatoire et dispersée des déficits moteurs et à l'aptitude mystérieuse du corps à compenser la perte fonctionnelle due à la polio, ces personnes ont pu mener leur vie de façon harmonieuse. Hélas, l'arrivée tardive de l'affaiblissement d'un muscle critique conduit souvent à la rupture d'un équilibre délicat qui s'est maintenu pendant des années, conduisant à une perte fonctionnelle disproportionnée.
La plainte d'un "nouvel affaiblissement" décrit par les anciens polios conduit le praticien à faire la différence entre le véritable affaiblissement (perte de la force musculaire) et d'autres termes synonymes auxquels les patients peuvent se référer tels que lassitude, fatigue, manque d'énergie, langueur. En effet, le patient polio peut aussi ressentir ces symptômes qui constituent des plaintes de fatigue et non pas d'affaiblissement musculaire progressif. Pour faire la différence entre ces symptômes, le praticien a recours à un test objectif du muscle avec un myomètre ou un système isocinétique pour établir une base certaine qui sera essentielle pour contrôler les changements de force dans l'avenir. S'il y a un historique de nouvel affaiblissement (souvent révélé comme diminution de l'endurance avec fonctionnement diminué) combiné à des changements objectifs, les diagnostics différentiels majeurs comprennent les maladies neurologiques focales comme la radiculopathie, la neuropathie focale compressive ou les lésions du cordon médullaire et les causes médicales de neuropathies telles que les diabètes, les maladies de la thyroïde, l'urémie, l'alcool, les toxines et, rarement, une maladie neuromusculaire héréditaire. Dans la plupart des cas, l'historique et un examen physique seuls peuvent faire cette distinction. Pour les patients présentant un nouvel affaiblissement (avec ou sans atrophie), le point important pour le clinicien est de distinguer : l'affaiblissement neurogénique dû à la polio grâce à des études EMG ou ECN, l'affaiblissement de désemploi causé par une diminution d'activité.
b) Fatigue
Il existe deux types de fatigue : la fatigue musculaire et la fatigue générale.
1. La fatigue musculaire
Elle correspond à l'affaiblissement des muscles par les exercices ou les mouvements répétés.
Cette faiblesse diminue avec le repos.
2. La fatigue générale
Elle est habituellement décrite comme un épuisement accablant ou une douleur similaire à une grippe accompagnée d'un changement marqué dans le niveau d'énergie, d'endurance et quelquefois de vigilance mentale. Le patient se plaindra fréquemment de fatigue quand le problème est en réalité un nouvel affaiblissement et vice versa. Les anciens polios décrivent leur fatigue comme "un affaiblissement physique accru", "une augmentation de la perte de force pendant l'exercice" et une "sensation de lourdeur dans les muscles".
La fatigue apparaît tard dans l'après-midi et ne cesse d'augmenter en fin de journée. Les patients se sentent fourbus après avoir essayé de faire une activité journalière qui leur est habituelle. Ces symptômes s'atténuent après une période d'une demi-heure à deux heures de repos.
De tous les nouveaux problèmes de santé, c'est souvent le plus stressant parce qu'il impose des limites à la vie des gens sans changements objectifs que les autres puissent facilement identifier.
La fatigue qui survient après le réveil peut indiquer des troubles du sommeil qui sont communément dus à une douleur musculo-squelettique mais peuvent aussi indiquer des anomalies pulmonaires nocturnes. La fatigue qui tend à durer toute la journée est atypique du SPP et devrait faire rechercher d'autres diagnostics.
Le diagnostic différentiel pour la fatigue est extensif mais les considérations devraient inclure des désordres comme :
- des atteintes médicales comprenant l'anémie, les infections chroniques, les désordres du collagène, de la thyroïde, les diabètes ou le cancer
- la dépression
- certaines médications : les béta-bloquants, les sédatifs, les anti-histaminiques
- le déconditionnement
- l'obésité.
Une fois ces causes éliminées, il faut procéder à une évaluation minutieuse du style de vie.
En effet, quels que soient leur métier ou leurs occupations, beaucoup de patients ont un niveau d'activité plus fatigant que ne leur permettent leur résistance et leur endurance.
par admindadou
(source :post-polio.fr.)